Nicolas Poiret

Scénariste et dramaturge

Présidentielle 2022 : 500 artistes s’engagent …

Texte de la tribune publiée par Le Parisien.

Après le sport, la culture … Près de 500 artistes ont signé, vendredi 15 avril, une tribune publiée par Le Parisien. Ils y argumentent leur intention de voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

Nombre de ces signataires brûlent régulièrement les planches parisiennes. Parmi ces comédiens, chanteurs, producteurs ou écrivains, figurent douze membres de la troupe de la Comédie-Française et quelques uns des nommés aux Molières 2022.

Avant eux, Stéphane Braunschweig (directeur du théâtre de l’Odéon), Jack Lang (directeur de l’Institut du monde arabe), Macha Makeïeff (directrice du Théâtre national de La Criée à Marseille), Stanislas Nordey (directeur du Théâtre national de Strasbourg), Olivier Py (directeur du Festival d’Avignon) ou Eric Ruf (administrateur de la Comédie française) avaient partagé leurs craintes quant à la victoire de Marine Le Pen, dans une tribune mise en ligne mardi 12 avril, par Libération.

Deux mensonges et une vérité : un jeu furieusement drôle

© E.C.

Cap ou pas cap de surprendre, encore, son mari ? Catherine relève le défi dans Deux mensonges et une vérité au théâtre Rive Gauche. Philippe et elle fêtent leur vingt-sept ans de mariage en tête-à-tête. Galvanisé par cette célébration, il lui fait l’éloge de leur couple si fusionnel et chanceux de ne plus pouvoir se surprendre après tant d’années communes. Elle réfute catégoriquement cette théorie. Pour lui prouver qu’il a raison, Philippe lui propose un jeu. Chacun doit énoncer trois anecdotes contenant deux mensonges et une vérité. Catherine trouve immédiatement la proposition exacte. Philippe plonge dans une incertitude totale. Assisté d’Edouard, son meilleur ami et associé, il s’élance dans un jeu de piste, frôlant l’enquête policière. Les deux compères récoltent vite des indices, fruits de leur imagination débordante et du, non moins expansif, esprit taquin de la partie adverse. Cette accumulation de suppositions embrouille le duo d’avocats dans sa quête d’une preuve formelle. Leurs rencontres avec deux inconnus, pourtant proches de Catherine, n’arrangent pas leurs affaires.

Sébastien Blanc et Nicolas Poiret se réapproprient le jeu deux mensonges et une vérité et signent une comédie jubilatoire. La scène de présentation du couple achevée, les rires s’arrêtent peu. Les auteurs reprennent une intrigue proche de celle de leur précédente pièce Même pas vrai !, déjà très réussie, et surprennent entièrement le public. Leur écriture à quatre mains s’avère efficace, avec des répliques tordantes et originales dans un environnement optimiste. Les quelques doses d’atmosphère juridique, domaine de Philippe, distillées dans la pièce, apportent une plus-value. La scénographie de Stéfanie Jarre compartimente nettement et sommairement les cadres privé et professionnel, avec une cloison amovible quasi rectiligne ou cubique.

Jean-Luc Moreau dirige un formidable trio, laissant agir l’humour avec subtilité ou par des pitreries. En mode envers et contre tous, Lionnel Astier se démène avec fougue dans le rôle de Philippe, un mari animé par son entêtement. Il forme un tandem jouissif avec Frédéric Bouraly, irrésistible en meilleur ami bienveillant au verbe maladroit, une composition pas très éloignée du rôle qu’il campe chaque soir dans Scènes de ménages. Toujours géniale, Raphaëline Goupilleau incarne l’exubérante et mystérieuse Catherine qui se délecte de l’enlisement de son mari. Enfin, avec des partitions moindres, Julien Kirsche, Philippe Maymat et Esther Moreau complètent la distribution dans les rôles des intrigants Samuel et Marc, et de Justine, la fille du couple. Ces comédiens munis d’un texte moderne et hilarant régalent les spectateurs, avec tendresse, complicité et fantaisie.

Deux mensonges et une vérité est une comédie garante d’une soirée réussie.

Deux mensonges et une vérité au théâtre Rive Gauche (14e).
Depuis le 17 janvier 2018.
Du mardi au samedi à 21h et les dimanches à 15h.

Même pas vrai ! : une irrésistible comédie burlesque

Même pas vrai-Théâtre Saint Georges

© E.C.

« Même pas vrai ! » Personne ne s’aventure plus à répliquer ces trois mots à Mathilde. Affabulatrice née, elle est prête à toutes les fantaisies aussi bien pour égayer la réalité que pour déceler un secret, ce qu’elle déteste par dessus tout ! Seulement, pour cet agent immobilier, hors de question de poser directement une question, elle insinue et insiste jusqu’à obtenir une information. Que ce soit avec Arnaud, son mari ou Michael, leur fils, un étudiant nonchalant qui ne se confie guère, Mathilde use incessamment du même stratagème. Sa combine s’accentue, avec la complicité d’Arnaud et Michael, lors des diners en présence de leurs amis Bernard et Irène, qui se retrouvent aux premières loges des amusements familiaux. Lorsque Marie, la nouvelle amie de Bernard, débarque en avance chez eux, suppliciée par les trois inquiétants psychopathes qui la fixent et la jaugent, elle choisit la fuite.

Après plusieurs mois de représentation à Lyon, Même pas vrai ! s’installe à Paris, au théâtre Saint Georges, qui s’est lancé dans le crowdfounding pour l’éclairage de sa façade. Cette comédie coécrite par Nicolas Poiret – fils de Jean Poiret et de Caroline Cellier – et Sébastien Blanc brille par les dialogues et des jeux de répliques bien menés par une excellente distribution, l’ingénieuse Raphaëline Goupilleau en tête. Farfelue à souhait, la comédienne à la voix reconnaissable campe la tornade Mathilde. Au delà des ripostes cinglantes, une belle complicité transparait avec son mari et son fils à la scène, Bruno Madinier et Thomas Maurion. Murée dans un univers chimérique, cette famille devient rapidement insupportable pour les autres. Face à eux, Christophe Guybet endosse le rôle de Bernard, tandis que Valérie Zaccomer est moulée dans le costume de femme fatale d’Irène. Epuisés, tous deux expriment des sentiments ambiguës à l’égard de leurs amis qu’ils aiment en dépit de leur mythomanie. Enfin, Anne Bouvier incarne une nouvelle venue dans le monde merveilleux de Mathilde, dont les nerfs ne résisteront pas.

Ces interprètes sont mis en scène par Jean-Luc Revol dans un vaste décor. L’appartement de Mathilde et Arnaud, pivote de part et d’autre de la scène et transporte le public dans l’agence immobilière où travaillent Mathilde et Bernard ou dans le bureau que partagent Arnaud et Irène. Même pas vrai ! est une comédie de boulevard irrésistible où le burlesque règne en maître, dans un affrontement d’hilarantes reparties.


Même pas vrai ! au théâtre Saint Georges (9e).
Du 25 janvier au 26 avril 2014.
Du mardi au samedi à 20h30 et les samedis à 17h.