José Paul

Comédien et metteur en scène

2003 : nommé pour le Molière du comédien dans un second rôle pour Un petit jeu sans conséquence
2004 : nommé pour le Molière du metteur en scène pour L’amour est enfant de salaud
2005 : nommé pour le Molière du comédien dans un second rôle pour La Locandiera
2006 : nommé pour le Molière du metteur en scène pour La Sainte Catherine (avec Agnès Boury)
2007 : nommé pour le Molière du metteur en scène pour Chocolat piment (avec Agnès Boury)
2010 : nommé pour le Molière du comédien dans un second rôle pour L’Illusion conjugale
2017 : nommé pour le Molière du metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé pour La Garçonnière
2022 : nommé pour le Molière du metteur en scène dans un spectacle de Théâtre privé pour Berlin Berlin

Présidentielle 2022 : 500 artistes s’engagent …

Texte de la tribune publiée par Le Parisien.

Après le sport, la culture … Près de 500 artistes ont signé, vendredi 15 avril, une tribune publiée par Le Parisien. Ils y argumentent leur intention de voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

Nombre de ces signataires brûlent régulièrement les planches parisiennes. Parmi ces comédiens, chanteurs, producteurs ou écrivains, figurent douze membres de la troupe de la Comédie-Française et quelques uns des nommés aux Molières 2022.

Avant eux, Stéphane Braunschweig (directeur du théâtre de l’Odéon), Jack Lang (directeur de l’Institut du monde arabe), Macha Makeïeff (directrice du Théâtre national de La Criée à Marseille), Stanislas Nordey (directeur du Théâtre national de Strasbourg), Olivier Py (directeur du Festival d’Avignon) ou Eric Ruf (administrateur de la Comédie française) avaient partagé leurs craintes quant à la victoire de Marine Le Pen, dans une tribune mise en ligne mardi 12 avril, par Libération.

Times Square : un brin de Gaîté à Broadway

Au quinzième étage d’un vieil immeuble de Times Square, Sara Bump s’impatiente. Sur la scène du théâtre Montparnasse, elle discute avec Tyler, un acteur bègue déguisé en Bunny pour touristes. Suivant les conseils d’un client du restaurant où elle travaille, cette serveuse s’apprête à rencontrer Matt Donovan, un ancien comédien, afin qu’il la prépare pour une audition. Il s’agit du rôle de Juliette dans une adaptation de la pièce de Shakespeare au Majestic Theatre. L’apprivoisement mutuel du comédien désabusé et de la désinvolte aspirante se révèle ardu, drôle et tendre.

« Vous m’avez lu ça comme si c’était le bottin » dénigre Matt Donovan. « Mais c’est le bottin », lui rétorque Sara Bump. Ces deux là ne manquent pas de répondant, sous la plume de Clément Koch. Dans les coulisses du métier d’acteur, il confronte deux générations, deux carrières : l’une qui ne décolle pas et l’autre brisée en plein vol. Les répliques sont mordantes. Les personnages exposent, peu à peu, leurs fêlures dans cet appartement new-yorkais surplombant la célèbre avenue de Broadway. José Paul dirige ces répétitions tendues, oscillant entre passe d’armes et transmission, dans un intérieur vieillot, avec vue sur les gratte-ciel, conçu par Edouard Laug.

Sara Bump regorge de fraicheur et de combativité sous les traits de Camille Aguilar. Skateuse aux vêtements informes, elle achète une jupe pour son audition. « Donc pour vous Shakespeare a situé son histoire dans une boite de strip à Las Vegas », ironise Guillaume de Tonquédec, délicieusement infect en Matt Donovan, désillusionné qui s’enivre à longueur de journée. Témoins discrets des cours d’arts dramatiques, Axel Auriant et Marc Fayet composent les attachants Tyler et Robert Donovan, un expert comptable qui égaye son morne quotidien en vivant par procuration les succès de son frère Matt. Ils assistent simultanément aux débuts d’une jeune première, à la renaissance d’un homme blasé et à la genèse d’une pièce.

Times Square est une comédie caustique pleine d’humanité.

Times Square au théâtre Montparnasse (14e).
Depuis le 22 janvier 2022.
Du mardi au samedi à 20h30, les samedis à 17h et les dimanches à 15h30.

Berlin Berlin : la folle histoire d’Emma et Ludwig

Berlin-Est, Emma échafaude un plan audacieux pour passer à l’Ouest. Elle embringue son fiancé Ludwig, qui s’élance bon gré mal gré dans le but d’épouser sa belle de l’autre côté du mur. Leur traversée Berlin Berlin se révélera semée d’embuches, au théâtre Fontaine. Engagée comme aide-soignante d’une vieille dame dont l’appartement dispose d’un passage secret, Emma découvre que le fils de l’occupante des lieux, Werner Hofmann, travaille à la Stasi. Bientôt, l’infirmier Hans (Loïc Legendre), une affaire d’espionnage et un éminent violoniste (Claude Guyonnet) compromettront leur projet. De nombreux dilemmes se présenteront aux tourtereaux, avec souvent la mort pour option.

Redoutablement doué pour les comédies, Patrick Haudecœur cosigne avec Gérald Sibleyras une pièce, encore une fois, hilarante. Au fil des scènes, l’intensité comique s’accroit. Les situations deviennent de plus en plus inextricables, les péripéties cocasses et s’ajoutent des personnages toujours plus loufoques. A la Stasi, un général dépressif à l’accent chantant (Guilhem Pellegrin) côtoie un agent malchanceux (Gino Lazzerini) sur lequel le sort semble s’acharner. José Paul dirige cette joyeuse bande dans leur périlleuse aventure en terrain hostile. Dans le salon avec vue imprenable sur le mur, l’occupation soviétique s’affiche fièrement jusqu’au motif faucille et marteau de la tapisserie. Édouard Laug mise ensuite sur un style gris épuré pour des bureaux tout aussi inhospitaliers.

Anne Charrier charme par l’optimisme et la témérité d’Emma. Elle forme un adorable couple avec Patrick Haudecœur, qui campe un Ludwig à la hardiesse toute relative. Impayable en fils d’une douce mère criarde, Maxime d’Aboville compose un Werner, envouté par Emma et bridé par Birgit (Marie Lanchas), colonel à poigne. Aux hommes, la couardise, les femmes, elles, directives, sont dotées de courage. Tous ces protagonistes farfelus, se révèlent parfois complètement à l’ouest pour le plus grand plaisir du public.

Berlin Berlin est une irrésistible épopée.

Berlin Berlin au théâtre Fontaine (9e).
Du 27 janvier au 31 mai 2022.
Du mardi au samedi à 21h, les samedis à 16h30 et les dimanches à 16h.

2 + 2 : week-end à 4

© E.C.

Un séjour à la campagne fait vaciller deux couples dans 2 + 2 au théâtre Tristan Bernard. Sans préméditation, ils mettent à l’épreuve leur amour ainsi que leur amitié au rythme d’intimes révélations. Alain et Patricia, les hôtes, comptabilisent plus de deux décennies de vie commune, Stéphane et Caroline, un peu moins. Ils gravitent, alternativement, autour de la cuisine fonctionnelle de la résidence secondaire au style mêlant le moderne et l’ancien. L’agréable décor de Natacha Markoff allié à l’oisiveté du week-end offrent un cadre propice aux échanges. Ces petites discussions entre amis virent parfois aux aveux insoupçonnés. Quand l’un se délecte de confidences, l’autre tombe des nues et les rôles s’inversent.

Eric Rouquette et Cyril Gély signent une comédie bon enfant au-delà des propos parfois grivois. Jeoffrey Bourdenet dirige efficacement les comédiens dans une succession de tête-à-tête, ponctuée d’apartés et de quatuors. José Paul séduit avec son jeu, comme souvent, empreint d’un certain détachement. Alain ébranle innocemment par ses révélations ravageuses ou assiste impassible aux indiscrétions qui affectent son entourage ou concernent son épouse Patricia (Claire Nebout). Sans doute le plus atteint par les confessions inattendues, Eric Savin manifeste opiniâtrement l’indignation de Stéphane. Bienheureux jusqu’alors d’être tenu à l’écart des préférences sexuelles de ses amis, il déchante en apprenant que sa femme partage leurs mœurs. Elsa Lunghini fait des premiers pas réussis sur les planches dans le rôle de Caroline, lucide et mesurée. Le public s’identifie aisément à ces personnages plus ou moins dans la retenue, mais à la vie ordinaire.

2 + 2 est une charmante comédie servie par une avantageuse distribution.

2 + 2 au théâtre Tristan Bernard (8e).
Depuis le 26 janvier 2019.
Du mardi au samedi à 21h et les samedis à 16h.

Papa va bientôt rentrer : un déserteur & deux femmes désespérées

© E.C.

Une ville du Maine à l’été 1967, Mia mène une vie routinière de mère au foyer, ponctuée par les visites de Suzan. Ces deux voisines attendent le retour de leurs époux partis combattre au Vietnam. Isaac, l’ex petit-ami de Mia et déserteur, surgit dans ce quotidien dans Papa va bientôt rentrer à la salle Réjane. Jean Franco s’affranchit de Guillaume Mélanie, son habituel co-auteur et dresse le panorama de foyers américains à la fin des années 1960. Il imagine une vie de quartier rétro à Wisteria Lane. La scénographie minutieuse d’Edouard Laug et les costumes de Juliette Chanaud plongent totalement le public dans cette atmosphère pré-seventies. Cette immersion dans une période peu évoquée dans les livres scolaires français se révèle, également instructive, notamment avec l’évocation des « papas plats. »

Chacune des apparitions de Suzan, la voisine puritaine et délurée, réjouit. Ses bavardages et ses confidences pimentent l’intrigue moins captivante des retrouvailles entre les ersatz de Bonnie and Clyde. Mia se retrouve mise face à ses contradictions entre l’activiste féministe qu’elle était et la « desperate housewife » qu’elle est devenue. Ce personnage reste, toutefois, assez énigmatique et donne l’impression de regarder l’énième épisode d’une vieille série télévisée américaine en ayant raté les précédents. Les deux anciens amants restent difficiles à cerner bien que leurs interprètes Marie-Julie Baup et Benoit Moret ne manquent pas de talent. La pétillante Lysiane Meis, en revanche, brûle les planches dans le rôle de Suzan, un personnage plus étoffé, attachant et drôle. L’ambiance oscille en permanence entre humour et morosité latente, avec un texte parfois littéraire relevé par la mise en scène de José Paul.

Papa va bientôt rentrer est une pièce à l’atmosphère rétro très réussie mais à l’intrigue décevante.

Papa va bientôt rentrer à la salle Réjane (9e).
Depuis le 12 janvier 2018.
Du mardi au samedi à 21h, les samedis à 17h et les dimanches à 15h.