Présidentielle 2022 : 500 artistes s’engagent …

Texte de la tribune publiée par Le Parisien.

Après le sport, la culture … Près de 500 artistes ont signé, vendredi 15 avril, une tribune publiée par Le Parisien. Ils y argumentent leur intention de voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

Nombre de ces signataires brûlent régulièrement les planches parisiennes. Parmi ces comédiens, chanteurs, producteurs ou écrivains, figurent douze membres de la troupe de la Comédie-Française et quelques uns des nommés aux Molières 2022.

Avant eux, Stéphane Braunschweig (directeur du théâtre de l’Odéon), Jack Lang (directeur de l’Institut du monde arabe), Macha Makeïeff (directrice du Théâtre national de La Criée à Marseille), Stanislas Nordey (directeur du Théâtre national de Strasbourg), Olivier Py (directeur du Festival d’Avignon) ou Eric Ruf (administrateur de la Comédie française) avaient partagé leurs craintes quant à la victoire de Marine Le Pen, dans une tribune mise en ligne mardi 12 avril, par Libération.

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Berlin Berlin : la folle histoire d’Emma et Ludwig

Berlin-Est, Emma échafaude un plan audacieux pour passer à l’Ouest. Elle embringue son fiancé Ludwig, qui s’élance bon gré mal gré dans le but d’épouser sa belle de l’autre côté du mur. Leur traversée Berlin Berlin se révélera semée d’embuches, au théâtre Fontaine. Engagée comme aide-soignante d’une vieille dame dont l’appartement dispose d’un passage secret, Emma découvre que le fils de l’occupante des lieux, Werner Hofmann, travaille à la Stasi. Bientôt, l’infirmier Hans (Loïc Legendre), une affaire d’espionnage et un éminent violoniste (Claude Guyonnet) compromettront leur projet. De nombreux dilemmes se présenteront aux tourtereaux, avec souvent la mort pour option.

Redoutablement doué pour les comédies, Patrick Haudecœur cosigne avec Gérald Sibleyras une pièce, encore une fois, hilarante. Au fil des scènes, l’intensité comique s’accroit. Les situations deviennent de plus en plus inextricables, les péripéties cocasses et s’ajoutent des personnages toujours plus loufoques. A la Stasi, un général dépressif à l’accent chantant (Guilhem Pellegrin) côtoie un agent malchanceux (Gino Lazzerini) sur lequel le sort semble s’acharner. José Paul dirige cette joyeuse bande dans leur périlleuse aventure en terrain hostile. Dans le salon avec vue imprenable sur le mur, l’occupation soviétique s’affiche fièrement jusqu’au motif faucille et marteau de la tapisserie. Édouard Laug mise ensuite sur un style gris épuré pour des bureaux tout aussi inhospitaliers.

Anne Charrier charme par l’optimisme et la témérité d’Emma. Elle forme un adorable couple avec Patrick Haudecœur, qui campe un Ludwig à la hardiesse toute relative. Impayable en fils d’une douce mère criarde, Maxime d’Aboville compose un Werner, envouté par Emma et bridé par Birgit (Marie Lanchas), colonel à poigne. Aux hommes, la couardise, les femmes, elles, directives, sont dotées de courage. Tous ces protagonistes farfelus, se révèlent parfois complètement à l’ouest pour le plus grand plaisir du public.

Berlin Berlin est une irrésistible épopée.

Berlin Berlin au théâtre Fontaine (9e).
Du 27 janvier au 31 mai 2022.
Du mardi au samedi à 21h, les samedis à 16h30 et les dimanches à 16h.

Molières 2016 : Joël Pommerat, un triomphal absent

© E.C.

Ce lundi 23 mai 2016, le théâtre des Folies Bergère abritait la 28ème nuit des Molières animée par Alex Lutz. Actuellement en Chine, Joël Pommerat n’a pu assister à son triomphe. Quadruplement récompensé, l’auteur et metteur en scène remporte les Molières du théâtre privé, de l’auteur francophone vivant et du metteur en scène d’un spectacle de théâtre public pour Ça ira (1) Fin de Louis, ainsi que celui du jeune public pour Pinocchio. Les Cavaliers obtient le Molière du théâtre privé, tandis que Qui a peur de Virginia Woolf ? comptabilise deux prix dans cette catégorie : celui du comédien pour Wladimir Yordanoff et celui du metteur en scène pour Alain Françon. Le Molière de la comédie a été décerné à Les Faux British et celui de l’humour au maître de cérémonie.

C’est une année faste pour les comédiennes Catherine Frot et Dominique Blanc. La première décroche le Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé, pour Fleur de Cactus, quelques mois après son César de la meilleur actrice pour Marguerite. Il s’agit de l’unique prix de la soirée pour la pièce qui cumulait sept nominations. La seconde, son homologue, lauréate du Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre public pour Les Liaisons Dangereuses, fait une entrée fracassante comme pensionnaire de la Comédie-Française. Absent des nominations lors des précédentes éditions, le Français remporte le Molière de la création visuelle, avec 20 000 lieues sous les mers.

Charles Berling a reçu le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre public, pour Vu du Pont. Didier Brice et Anne Bouvier ont, quant à eux, été primés pour leurs prestations dans un second rôle, respectivement dans A tort et à raison et Le Roi Lear. Le Molière du seul(e) en scène a été attribué à Andréa Bescond pour Les Chatouilles ou la danse de la colère. Enfin, Alexis Moncorgé, dans Amok et Géraldine Martineau, dans Le poisson Belge ont été sacrés révélations de l’année.

La cérémonie enregistrée à partir de 20h, alors que des rassemblements se tenaient face au théâtre des Folies Bergère, a été diffusée sur France 2 en seconde partie de soirée (entre 22h25 et 1h20), après la pièce Le plus beau jour de David Foenkinos.

Palmarès de la 28 nuit des Molières

Molière du théâtre privé
(remis par Jean-Marc Dumontet et David Lescot)
Fleur de Cactus
Les Cavaliers
L’Être ou pas
Qui a peur de Virginia Woolf ?

Molière du théâtre public
(remis par Jean-Marc Dumontet et David Lescot)
20 000 lieues sous les mers
Ça ira (1) Fin de Louis
Lucrèce Borgia
Vu du Pont

Molière de la comédie
(remis par Barbara Schulz)
Fleur de Cactus
Les Faux British
Maris et Femmes
Momo

Molière de la création visuelle
(remis par Julie Depardieu)
20 000 lieues sous les mers
Fleur de Cactus
La Dame Blanche
Un certain Charles Spencer Chaplin

Molière du spectacle musical
(remis par Stéphane Plaza)
Cats
Irma la Douce
Kiki, le Montparnasse des années folles
Les Fiancés de Loches

Molière de l’humour
(remis par Claudia Tagbo)
Sophia Aram dans Le Fond de l’air effraie
Laurent Gerra
Stéphane Guillon dans Certifié Conforme
Valérie Lemercier dans Valérie Lemercier au Théâtre du Châtelet
Alex Lutz

Molière du jeune public
(remis par Christian Hecq)
Aladin
La petite fille aux allumettes
Pinocchio
Raiponce et le Prince Aventurier

Molière du seul(e) en scène
(remis par Xavier Gallais)
Ancien malade des Hôpitaux de Paris de Daniel Pennac
Les Chatouilles ou la danse de la colère d’Andréa Bescond
Maligne de Noémie Caillaut, Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu
Une vie sur mesure de Cédric Chapuis

Molière du comédien dans un spectacle de théâtre public
(remis par Ladislas Chollat et Élodie Navarre)
Charles Berling dans Vu du Pont
Christian Hecq dans 20 000 lieues sous les mers
Denis Lavant dans Les Fourberies de Scapin
François Marthouret dans Les affaires sont les affaires
Michel Vuillermoz dans Cyrano de Bergerac

Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre public
(remis par Charles Berling)
Francine Bergé dans Bettencourt Boulevard ou Une histoire de France
Dominique Blanc dans Les Liaisons Dangereuses
Catherine Hiegel dans Le retour au désert
Isabelle Huppert dans Phèdre(s)

Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé
(remis par Natalie Dessay)
Michel Aumont dans Le Roi Lear
Michel Bouquet dans A tort et à raison
Michel Fau dans Fleur de Cactus
Wladimir Yordanoff dans Qui a peur de Virginia Woolf ?

Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé
(remis par Anne Charrier et Catherine Hiegel)
Léa Drucker dans Un amour qui ne finit pas
Catherine Frot dans Fleur de Cactus
Muriel Robin dans Momo
Dominique Valadié dans Qui a peur de Virginia Woolf ?

Molière du comédien dans un second rôle
(remis par Guillaume de Tonquédec)
Didier Brice dans A tort et à raison
Jean-Michel Dupuis dans Le Mensonge
Pierre-François Garel dans Qui a peur de Virginia Woolf ?
Thierry Lopez dans Avanti !
Sébastien Thiéry dans Momo

Molière de la comédienne dans un second rôle
(remis par Guillaume de Tonquédec)
Béatrice Agenin dans Un certain Charles Spencer Chaplin
Anne Bouvier dans Le Roi Lear
Michèle Garcia dans La Dame Blanche
Raphaëline Goupilleau dans La Médiation

Molière de l’auteur francophone vivant
(remis par Yves Jacques)
Léonore Confino pour Le poisson Belge
Jean-Claude Grumberg pour L’Être ou pas
Joël Pommerat pour Ça ira (1) Fin de Louis
Sébastien Thiéry pour Momo
Michel Vinaver pour Bettencourt Boulevard ou Une histoire de France

Molière du metteur en scène d’un spectacle de théâtre public
(remis par Jean-Paul Gaultier)
Christian Hecq et Valérie Lesort pour 20 000 lieues sous les mers
Joël Pommerat pour Ça ira (1) Fin de Louis
Eric Ruf pour Roméo et Juliette
Ivo Van Hove pour Vu du pont

Molière du metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé
(remis par Jean-Paul Gaultier)
Sébastien Azzopardi pour La Dame Blanche
Eric Bouvron et Anne Bourgeois pour Les Cavaliers
Michel Fau pour Fleur de Cactus
Alain Françon pour Qui a peur de Virginia Woolf ?

Molière de la révélation masculine
(remis par Maxime d’Aboville et Michel Fau)
Julien Alluguette dans Les Vœux du Cœur
Julien Dereims dans Libres sont les papillons
Nicolas Martinez dans Ça n’arrive pas qu’aux autres
Alexis Moncorgé dans Amok

Molière de la révélation féminine
(remis par Maxime d’Aboville et Michel Fau)
Mathilde Bisson dans Fleur de Cactus
Ophélia Kolb dans La Médiation
Géraldine Martineau dans Le poisson Belge
Sandrine Molaro dans Madame Bovary

Molière d’honneur
(remis par Michel Bouquet)
Fabrice Luchini

Chambre froide : un irrésistible trio féminin complice et glaçant

© E.C.

La Pépinière Théâtre met les petits plats dans les grands en réunissant sur sa scène trois talentueuses comédiennes dans Chambre froide. Une imposante verrière, un meuble bar carrelé, un réfrigérateur américain, dans cette cuisine démesurément grande et résolument design, trois femmes desservent la table de leur dîner. De ragots en constats, les parfaites ménagères déchantent vite. L’époux de Nicky accusé de détournement d’argent risque d’être emprisonné. Le mari de Molly l’étouffe tandis que celui de Debra la quitte pour une femme plus riche.

Oeil de biche, coiffures et tenues rétros, les délicieuses épouses évoluent dans une atmosphère à mi chemin entre les séries Desperate Housewives et Mad Men, assaisonnée à la sauce chick lit.

Des femmes lassent des sacrifices à sens unique qui envisagent de passer à l’acte : d’assassiner leurs maris, l’idée de Michele Lowe attire. L’intrigue mijote à feu extrêmement lent et manque de consistance dans un premier temps. Quelques répliques percutantes et cyniques saupoudrées dans le texte tiennent en haleine jusqu’à un épilogue plus savoureux.

Le trio compose l’ingrédient principal de la pièce. Les personnages deviennent vite familiers au public. Sally Micaleff signe une mise en scène dynamique dans laquelle les trois protagonistes frôlent tour à tour l’hystérie. Anne Charrier compose Molly, une gentille potiche aux allures de poupée malléable, moins naïve qu’il n’y paraît. Pascale Arbillot incarne Debra, stéréotype de l’épouse dévouée, prête à toutes les concessions pour sauver son mariage ou celui de ses amies. Enfin, Valérie Karsenti campe Nicky, la plus moderne des trois. Épanouie dans son travail, elle refuse de se conformer au modèle de la femme au foyer.

Chambre froide est une réflexion sur le couple parsemée de cynisme et d’humour, portée par un trio de charme qui brûle les planches avec une complicité réjouissante.

Chambre froide à La Pépinière Théâtre (2e).
A partir du 3 septembre.
Du mardi au samedi à 21h et les samedis à 16h.