Je m’appelle Asher Lev : la naissance d’un artiste

Dans le Brooklyn d’après-guerre, Asher Lev grandit au sein de la communauté juive hassidique. Très jeune, il se découvre un don pour le dessin que seul son oncle Yitzchok, encourage dans sa famille. Il retrace son parcours pour devenir peintre dans Je m’appelle Asher Lev, au théâtre des Béliers Parisiens. Choyé par sa mère et cadré par son père, le petit garçon dessine tout ce qu’il voit. Au fur et à mesure, sans renier sa foi, il apprend l’art de la peinture. Il développe sa vision artistique auprès de Jacob Kahn, un vieux peintre qui ne pratique plus sa judaïcité. Pour embrasser son destin, il devra défier sa famille, sa communauté et ses traditions.

Hannah-Jazz Mertens adapte et met en scène la pièce d’Aaron Posner. Le dramaturge américain reprenait, lui-même, en 2009, le roman My name is Asher Lev de Chaïm Potok. Le public suit le récit autobiographique d’un jeune juif orthodoxe tiraillé entre sa passion pour la peinture et ses traditions qui rendent cet avenir inapproprié. Ce parcours initiatique, savant mélange d’humour et d’émotions, témoigne des affres de la création et des déchirements intimes, culturels et spirituels.

Portant une kippa et des tsitsit, Martin Karmann prête en alternance avec Benoît Chauvin, ses traits à Asher Lev, narrateur et acteur de sa propre vie. Toujours passionné, souvent déboussolé, parfois honteux, le jeune homme peine à rester fidèle à sa nature. Désopilant ou bouleversant, Guillaume Bouchède revêt plusieurs costumes. Il campe d’abord l’entêtement d’Aryeh Lev, père d’Asher et émissaire du Rebbe, qui voue sa vie à sa communauté. Désireux de se rapprocher de son fils, il tente en vain de le comprendre. Il ne saisit pas la différence, flagrante pour Asher, entre peindre un nu et une femme dénudée. Le comédien campe ensuite l’irrésistible Jacob Kahn, qui s’annonce « bourru de nature » et n’hésite pas à bousculer son disciple. Il incarne également la sagesse et l’autorité du Rebbe, ainsi que Yitzchok, le frère d’Aryeh, aussi expansif que son cadet est taciturne. Stéphanie Caillol oscille entre la douceur de Rivkeh Lev, déchirée entre son mari et son fils, et l’exubérance d’Anna Schaeffer, galeriste séduite par le travail d’Asher. Elle incarne aussi brièvement Rachel, le premier modèle à poser pour le jeune peintre. Dans la scénographie sommaire de Capucine Grou-Radenez, ces trois comédiens étayent l’épineuse émancipation d’un artiste.

Je m’appelle Asher Lev est un envoûtant voyage initiatique.

Je m’appelle Asher Lev au théâtre des Béliers Parisiens (18e).
Depuis le 12 janvier 2024.
Du mardi au samedi à 19h et les dimanches à 17h.

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