Deux mensonges et une vérité : un jeu furieusement drôle

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Cap ou pas cap de surprendre, encore, son mari ? Catherine relève le défi dans Deux mensonges et une vérité au théâtre Rive Gauche. Philippe et elle fêtent leur vingt-sept ans de mariage en tête-à-tête. Galvanisé par cette célébration, il lui fait l’éloge de leur couple si fusionnel et chanceux de ne plus pouvoir se surprendre après tant d’années communes. Elle réfute catégoriquement cette théorie. Pour lui prouver qu’il a raison, Philippe lui propose un jeu. Chacun doit énoncer trois anecdotes contenant deux mensonges et une vérité. Catherine trouve immédiatement la proposition exacte. Philippe plonge dans une incertitude totale. Assisté d’Edouard, son meilleur ami et associé, il s’élance dans un jeu de piste, frôlant l’enquête policière. Les deux compères récoltent vite des indices, fruits de leur imagination débordante et du, non moins expansif, esprit taquin de la partie adverse. Cette accumulation de suppositions embrouille le duo d’avocats dans sa quête d’une preuve formelle. Leurs rencontres avec deux inconnus, pourtant proches de Catherine, n’arrangent pas leurs affaires.

Sébastien Blanc et Nicolas Poiret se réapproprient le jeu deux mensonges et une vérité et signent une comédie jubilatoire. La scène de présentation du couple achevée, les rires s’arrêtent peu. Les auteurs reprennent une intrigue proche de celle de leur précédente pièce Même pas vrai !, déjà très réussie, et surprennent entièrement le public. Leur écriture à quatre mains s’avère efficace, avec des répliques tordantes et originales dans un environnement optimiste. Les quelques doses d’atmosphère juridique, domaine de Philippe, distillées dans la pièce, apportent une plus-value. La scénographie de Stéfanie Jarre compartimente nettement et sommairement les cadres privé et professionnel, avec une cloison amovible quasi rectiligne ou cubique.

Jean-Luc Moreau dirige un formidable trio, laissant agir l’humour avec subtilité ou par des pitreries. En mode envers et contre tous, Lionnel Astier se démène avec fougue dans le rôle de Philippe, un mari animé par son entêtement. Il forme un tandem jouissif avec Frédéric Bouraly, irrésistible en meilleur ami bienveillant au verbe maladroit, une composition pas très éloignée du rôle qu’il campe chaque soir dans Scènes de ménages. Toujours géniale, Raphaëline Goupilleau incarne l’exubérante et mystérieuse Catherine qui se délecte de l’enlisement de son mari. Enfin, avec des partitions moindres, Julien Kirsche, Philippe Maymat et Esther Moreau complètent la distribution dans les rôles des intrigants Samuel et Marc, et de Justine, la fille du couple. Ces comédiens munis d’un texte moderne et hilarant régalent les spectateurs, avec tendresse, complicité et fantaisie.

Deux mensonges et une vérité est une comédie garante d’une soirée réussie.

Deux mensonges et une vérité au théâtre Rive Gauche (14e).
Depuis le 17 janvier 2018.
Du mardi au samedi à 21h et les dimanches à 15h.

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