L’hôtel du libre-échange : enfin au Français !

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Une célèbre comédie de Georges Feydeau fait son entrée au répertoire de la Comédie-Française. L’hôtel du libre-échange promet sécurité et discrétion aux aventures adultères. Angélique s’offusque à la lecture d’un prospectus promouvant les qualités de l’établissement de basse réputation. Pinglet, son époux, choisit ce lieu pour son escapade nocturne avec Marcelle, la femme de son ami et associé Paillardin. La publicité séduit également Victoire, la femme de chambre de Pinglet qui désire y initier à l’amour Maxime, le neveu de Paillardin. Mathieu et ses quatre filles y séjournent également, en attendant de trouver un meilleur gîte dans la capitale.

Habitué à concevoir des costumes pour la maison de Molière, Christian Lacroix y crée, cette fois, outre de superbes tenues, ses premiers décors de théâtre simples et ravissants. Le bureau de Pinglet s’articule autour d’un plateau posé sur des tréteaux dans un style épuré et élégant. Le grand couturier scinde ensuite astucieusement la scène en trois espaces afin de créer deux chambres et le couloir de l’hôtel.

Isabelle Nanty signe la mise en scène, plutôt classique, de ce vaudeville plein de quiproquos. Pour sa première mise en scène au français, elle dirige une distribution de belle envergure. Michel Vuillermoz campe un Pinglet marié de longue date à l’acariâtre Angélique (Anne Kessler), mais épris de Marcelle Paillardin (Florence Viala), craintive rêveuse excédée par le manque d’intérêt de son routinier de mari (Jérôme Pouly). Comme à l’accoutumé, Christian Hecq endosse le rôle du pitre. Il s’agit ici du provincial Mathieu flanqué de son bouillonnant essaim de jeunes filles. Laurent Lafitte compose, lui, le ténébreux tenancier Bastien qui chante les louanges de son hôtel borgne derrière un rideau lumineux. Boulot (Bakary Sangaré), son acolyte se montre plus consciencieux et moins téméraire dans l’accomplissement de son travail. Enfin, Pauline Clément et Julien Frison se révèlent impayables : elle en femme de chambre effrontée et malicieuse, et lui en jeune garçon studieux. Sous la houlette d’Isabelle Nanty, la troupe s’approprie joyeusement cette pièce si connue et pourtant encore inédite au sein de l’institution.

L’hôtel du libre-échange est une vaudeville à la mécanique bien huilée.

L’hôtel du libre-échange à la Comédie-Française (1er).
Du 20 mai au 25 juillet 2017.

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