Eric Métayer

Comédien et metteur en scène

1996 : nommé pour le Molière de la révélation théâtrale pour Aimez-moi les uns les autres
2004 : nommé pour le Molière du comédien pour Des cailloux plein les poches
2008 : lauréat du Molière du spectacle seul(e) en scène pour Un monde fou
2010 : nommé pour le Molière du metteur en scène pour Les 39 marches

La leçon de danse : un agréable pas de deux

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Senga est danseuse. Une blessure l’empêche de pratiquer son art. Son voisin, un scientifique qui ne supporte pas d’être touché, la prie de lui apprendre à se déhancher sur une musique rapide sans se faire remarquer. La leçon de danse relève, alors, du défi au théâtre de l’Oeuvre. Mark St. Germain imagine ce cours comme prétexte à la rencontre entre deux univers. Cette comédie romantique adaptée par Gérald Sibleyras, repose sur les deux personnages qu’elle dépeint avec subtilité et humour.

Affalée dans son canapé, Senga noie son chagrin dans l’alcool et la malbouffe. Désinvolte à la chevelure tie and dye bleu, la jeune femme ne quitte pas ses tenues de danse, sa passion inhibée par une incapacité qu’elle espère temporaire. L’irruption de son voisin dans sa tanière, chamboule sa convalescence routinière, d’autant qu’a priori tout l’oppose à Adémar, un professeur à l’esprit cartésien. Derrière sa posture intimidée, son sérieux et sa maladresse, le scientifique dissimule un syndrome d’Asperger. Pas à pas, ces deux êtres singuliers s’apprivoisent. Chaque enjambée qui les rapproche, les effraie l’un et l’autre. L’intimité s’installe, pourtant, entre eux et fêle, peu à peu, la carapace qui les protège d’autrui.

Andréa Bescond et Éric Métayer donnent vie à ce couple de danseurs, avec justesse. L’une gracieuse dans ses mouvements, malgré son «handicap» et l’autre qui peine à balancer son corps en rythme. Ils signent également la mise en scène, dynamique et moderne. Ils symbolisent notamment l’oisiveté, avec l’utilisation d’un hand spinner. Lors d’une scène, certains objets du décor d’Olivier Hébert se meuvent avec les personnages, le temps d’une chorégraphie. L’intrigue prend, parfois, des allures de conte de fées moderne dans le salon peu meublé de Senga sublimé par une vaste verrière qui dévoile la grisaille parisienne. Deux portraits s’entrecroisent, dans un texte empli d’espoir qui va au-delà de la rencontre entre un autiste et une « neuro-typique », même si cette situation engendre des répliques très cocasses. Un esprit dénué de toute imagination et une âme créative interagissent parfaitement sur scène pour le plus grand bonheur des spectateurs.

La leçon de danse est une pièce drôle et touchante portée par deux merveilleux interprètes.

La leçon de danse au théâtre de l’Oeuvre (9e).
Du 14 septembre au 31 décembre 2017.
Du jeudi au samedi à 20h30 (en septembre) puis à 19h, les samedis à 17h et les dimanches à 16h.

Piège mortel : un thriller captivant

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« Ne me spoile-pas », avertissent souvent les jeunes gens avant de regarder le dernier épisode de leur série américaine. Cet anglicisme qui signifie « gâcher le plaisir » prend tout son sens avec Piège mortel au théâtre La Bruyère. Sidney Brown, un auteur de pièces policières en panne d’inspiration, reçoit la première œuvre d’un jeune homme. Ce texte présage un triomphe sur les planches. Jusqu’où Sidney sera-t-il prêt à aller pour renouer avec le succès ? L’accroche de la pièce annonce le suspens qui l’anime. Une série de rebondissements inattendus captive les spectateurs déjà séduits par le magnifique décor d’Olivier Hebert. Le charme désuet d’un cottage du Connecticut minutieusement aménagé établit l’atmosphère idéale pour un polar.

Deathtrap d’Ira Levin, adapté par Gérald Sibleyras, allie une trame palpitante et sarcastique à un texte moderne malgré l’utilisation de la machine à écrire. La mise en scène d’Eric Metayer mêle et démêle les fils de l’intrigue à un rythme trépidant. Dans la peau de Sidney Brown, Nicolas Briançon trouble, inquiète et mène le jeu avec adresse aux côtés de Cyril Garnier et de Virginie Lemoine. Viviane Marcenaro et Damien Gajda apportent, eux, deux brins de folie au thriller. Chaque comédien se révèle remarquable dans son rôle, mais difficile d’en dire plus sans ternir l’effet de surprise. Mieux vaut taire certains atouts de cette pièce afin que ceux qui ne l’ont pas encore vu l’apprécient pleinement en la découvrant. Chut …

Piège mortel est un thriller imprévisible, hilarant et envoûtant.

Piège mortel au théâtre La Bruyère (9e).
Depuis le 19 janvier 2017.
Du mardi au samedi à 21h et les samedis à 15h30.

La folle évasion : prise otages déjantée et théories farfelues

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Sa Rolls-Royce en panne en Savoie et les pieds endoloris par ses Louboutin, telle une spectatrice retardataire, Marie-Charlotte Van Appeltaart déboule au théâtre de la Gaîté Montparnasse. Cette entrée fracassante et ce personnage caricatural donnent le ton de La folle évasion. Perdue à des kilomètres de Neuilly, la bourgeoise transporte en Suisse un attaché-case rempli de billets de banque. Afin de poursuivre son périple, elle entre dans une station-service vieillotte. Les deux employés sont aux petits soins avec leur cliente providentielle jusqu’au hold-up d’André. Les trois otages compatissent, plus ou moins, à la maladresse de l’apprenti braqueur au butin dérisoire.

La pièce d’Angélique Thomas et Vincent Varinier allie des références à l’actualité ou au cinéma, des théories farfelues, des contresens et des caractères excessifs. Ce savoureux et hilarant mélange pourrait illustrer l’improbable rencontre entre un candidat de L’amour est dans le pré et un personnage de soap-opera, avec pour témoins deux pompistes dont l’attirance sexuelle n’a d’égale que leur divergence d’opinion. La mise en scène d’Eric Métayer ajoute une gestuelle prononcée au texte vaudevillesque.

Eric Laugérias est irrésistible dans le rôle du braqueur benêt. Désopilant, il est la véritable clé de voûte de la pièce, ses camarades, au jeu tout aussi énergique restent moins présents. Lydie Muller adopte parfaitement l’allure de la fashionista Marie-Charlotte Van Appeltaart, l’épouse d’un vieil et riche homme d’affaire égarée dans un environnement inhabituel. Angélique Thomas compose délicieusement Sophie, une sorte de potiche au grand cœur qui, à force de potasser les fiches concernant la vente des objets de la station-service, s’improvise coach en braquage. Vincent Varinier interprète, quant à lui, Arthur, en lice avec Sophie pour le titre d’employé modèle, terrifié à l’idée de prendre le moindre risque excepté si cela génère un bénéfice pour la station-service.

La folle évasion est une comédie bien-nommée où les situations comiques s’enchainent à un rythme effréné.

La folle évasion au théâtre de la Gaîté Montparnasse (14e).
Du 30 juin au 12 septembre 2015.
Du mardi au samedi à 21h et les samedis à 16h30.