La leçon de danse : un agréable pas de deux

© E.C.

Senga est danseuse. Une blessure l’empêche de pratiquer son art. Son voisin, un scientifique qui ne supporte pas d’être touché, la prie de lui apprendre à se déhancher sur une musique rapide sans se faire remarquer. La leçon de danse relève, alors, du défi au théâtre de l’Oeuvre. Mark St. Germain imagine ce cours comme prétexte à la rencontre entre deux univers. Cette comédie romantique adaptée par Gérald Sibleyras, repose sur les deux personnages qu’elle dépeint avec subtilité et humour.

Affalée dans son canapé, Senga noie son chagrin dans l’alcool et la malbouffe. Désinvolte à la chevelure tie and dye bleu, la jeune femme ne quitte pas ses tenues de danse, sa passion inhibée par une incapacité qu’elle espère temporaire. L’irruption de son voisin dans sa tanière, chamboule sa convalescence routinière, d’autant qu’a priori tout l’oppose à Adémar, un professeur à l’esprit cartésien. Derrière sa posture intimidée, son sérieux et sa maladresse, le scientifique dissimule un syndrome d’Asperger. Pas à pas, ces deux êtres singuliers s’apprivoisent. Chaque enjambée qui les rapproche, les effraie l’un et l’autre. L’intimité s’installe, pourtant, entre eux et fêle, peu à peu, la carapace qui les protège d’autrui.

Andréa Bescond et Éric Métayer donnent vie à ce couple de danseurs, avec justesse. L’une gracieuse dans ses mouvements, malgré son «handicap» et l’autre qui peine à balancer son corps en rythme. Ils signent également la mise en scène, dynamique et moderne. Ils symbolisent notamment l’oisiveté, avec l’utilisation d’un hand spinner. Lors d’une scène, certains objets du décor d’Olivier Hébert se meuvent avec les personnages, le temps d’une chorégraphie. L’intrigue prend, parfois, des allures de conte de fées moderne dans le salon peu meublé de Senga sublimé par une vaste verrière qui dévoile la grisaille parisienne. Deux portraits s’entrecroisent, dans un texte empli d’espoir qui va au-delà de la rencontre entre un autiste et une « neuro-typique », même si cette situation engendre des répliques très cocasses. Un esprit dénué de toute imagination et une âme créative interagissent parfaitement sur scène pour le plus grand bonheur des spectateurs.

La leçon de danse est une pièce drôle et touchante portée par deux merveilleux interprètes.

La leçon de danse au théâtre de l’Oeuvre (9e).
Du 14 septembre au 31 décembre 2017.
Du jeudi au samedi à 20h30 (en septembre) puis à 19h, les samedis à 17h et les dimanches à 16h.

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