Maman : une douce mélodie

Sur le trottoir, devant la vitrine de sa boutique de vêtements de grossesse, elle attend le taxi qui la ramènera chez elle. Emmitouflée dans un manteau de fourrure, elle patiente dans Maman sur la scène du théâtre Édouard VII. Un jeune homme la dépasse, revient et l’interroge : « C’est combien ? » Cette gênante question pour les deux protagonistes établit les fondements du fruit d’une rencontre impromptue. Elle est engageante, lui peu loquace. Elle semble heureuse, lui perdu. Elle paraît ne pas lui en tenir rigueur, lui s’en veut de sa méprise. Le taxi interrompt ces premiers échanges. De retour chez elle, Jeanne rapporte sa mésaventure à son mari et lui suggère une idée folle. Cette femme ordinaire pourvue d’un brin de fantaisie et de largesse d’esprit nécessaires pour rompre la routine, dévoile sa fêlure. Meurtrie dans sa chair un soir comme celui-ci, les blessures de l’âme s’apprêtent à cicatriser grâce à sa rencontre fortuite avec un jeune homme.

Une mélodieuse mélancolie résonne lors des passages de la devanture, sublimée par une chaleureuse décoration de noël, à la demeure peu chargée en mobilier d’Emmanuelle Roy. Samuel Benchetrit signe une pièce émouvante empreinte de simplicité, de sincérité, d’absurde et d’humour. Il offre à Vanessa Paradis des débuts prometteurs sur les planches. Sa frêle silhouette devient celle de Jeanne, une mère au désœuvrement dissimulé par son naturel. Elle forme un couple attachant avec Bernard, bonhomme résigné et conciliant campé par Éric Elmosnino. Félix Moati incarne la désinvolture d’un jeu homme esseulé. Gabor Rassov complète la distribution, en promeneur nocturne. Ces personnages malheureux s’avèrent prêts à s’unir et à saisir les opportunités d’un instant de joie ou d’un avenir plus doux.

Maman est une pièce dans laquelle s’accordent tendresse et rires.

Maman au théâtre Édouard VII (9e).
Du 14 septembre 2021 au 16 janvier 2022.
Du mardi au samedi à 21h, les samedis à 16h30 et les dimanches à 16h.

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