Les uns sur les autres : le cinglant portrait d’une famille moderne

Les uns sur les autres-Theatre de la Madeleine

© E.C.

Réalité et fiction s’emmêlent au théâtre de la Madeleine. Dans Les uns sur les autres, Léonore Confino brosse le portrait d’une famille ordinaire composée de personnages singuliers. La survoltée Louise porte sa famille à bout de bras sans jamais rien recevoir en retour. Son mari travaille au CNRS et hésite entre la quitter et rester. Ses enfants, Robin et Jane, stéréotypent un geek et une anorexique. Son père, Albert, ressasse ses souvenirs de guerre et son amour pour sa défunte épouse. « À taaaaaaable ! », au rythme des cris de la mère, chacun s’affaire dans son coin jusqu’à la révélation d’un secret. « Cet électrochoc va fédérer la famille et rappeler à tous ces membres esseulés qu’ils sont rattachés à un même corps. Les personnages osent enfin se toucher, se rapprocher, les cloisons des pièces deviennent transparentes », explique la metteur en scène Catherine Schaub.

Des dialogues crus

Le pavillon de Rueil-Malmaison de la famille conçu par Sophie Jacob possède un étage. Le père et les enfants ne cessent d’emprunter les escaliers menant à la chambre et à la porte d’entrée. Catherine Schaub signe une mise en scène moderne où la technologie est omniprésente. La vidéo du fils réalisée avec une webcam est ainsi projetée sur l’écran derrière lui, lorsqu’il effectue une expérience animale. L’écriture de Léonore Confino déroute, avec des dialogues en langage cru bannissant tout tabou. Des enchainements de mots constituent une grande part des répliques de la mère. Agnès Jaoui se les approprie. Entre sensibilité et emportement, la réalisatrice fait un brillant retour sur scène après vingt ans d’absence. Pierre Vial campe le rôle d’un vieillard dépendant physiquement à l’esprit vif. Olivier Faliez interprète un père effacé et incompris. Benjamin Witt et Marie Petiot incarnent des adolescents plus vrais que nature.

Les uns sur les autres durant plus d’une heure et demi, cette belle distribution ne parvient pas à surpasser le texte inconvenant. Les protagonistes extrêmement caricaturaux gravitent dans une atmosphère malsaine. La joie de retrouver l’excellente Agnès Jaoui sur les planches s’éclipse derrière l’amère déception provoquée par l’histoire.

Les uns sur les autres au théâtre de la Madeleine (8e).
Du 21 janvier au 12 avril 2014.
Du mardi au samedi à 21h et les samedis à 16h.

Laisser un commentaire