Marguerite et moi : une jolie évocation de Duras

Marguerite et moi-Theatre de Belleville

© E.C.

A la question : « Mais vous admettez qu’il y ait des gens qui pensent autrement que vous ? », elle répond : « Euh, non, je ne l’admets pas ! » Le ton de la pièce Marguerite et moi est donné. A partir d’interviews et d’entretiens issus de grands moments de radio ou de télévision, Fatima Soualhia Manet et Christophe Casamance plongent les spectateurs du théâtre de Belleville dans la vie et dans l’oeuvre de Duras. La pièce balaie de nombreuses étapes de l’existence de l’auteur : son enfance en Indochine, son ancrage à gauche, son alcoolisme et ses rapports avec sa mère, qui la présentait comme sa « petite misère ». Cette enseignante, qui vouait un amour immodéré à son fils ainé, deviendra l’héroïne de la pièce Des journées entières dans les arbres.

Fatima Soualhia Manet évoque plus qu’elle n’incarne l’auteur d’Hiroshima mon amour. N’imitant pas ses traits, elle reprend avec précision sa diction et ses mots. Véritable caméléon, la comédienne revêt sur scène les habits que Duras portait dans Apostrophes et vieillit en un instant. Dans l’ombre, Christophe Casamance accompagne les propos de sa partenaire, apparaissant comme une voix plus qu’un personnage. La mise en scène bien menée par les interprètes eux-même surpasse les simples questions/réponses. Un seul bémol néanmoins : le choix des lumières laisse parfois perplexe.

Marguerite et moi permet de retrouver ou de découvrir l’auteur disparue en 1996, à l’occasion de son centenaire. Les paroles sans concessions de Marguerite Duras résonnent, dans le théâtre de Belleville et au delà, comme résolument contemporaines.

Marguerite et moi au théâtre de Belleville (11e).
A partir du 5 février 2014.
Du mardi au samedi à 19h15 et les dimanches à 20h30.

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