La dernière lettre : dans l’émotion de la justice

La balance de la justice vacille sur la scène du théâtre Actuel, dans La dernière lettre. Anna Larcher, journaliste française expatriée aux Etats-Unis vit seule avec sa fille de 8 ans depuis le meurtre de son mari Matias, abattu à Houston. Michaël Ellis, reconnu coupable du crime, risque la peine capitale, toujours en vigueur au Texas. Clémence Robin, bénévole dans une association qui met en lien les familles des victimes avec les condamnés, apporte une lettre à la veuve. Le meurtrier de son mari souhaite entrer en contact avec elle. S’ensuit une correspondance a priori insoutenable, à fin d’un éventuel pardon. Le frère du défunt Alex, ne partage pas le cas de conscience de sa belle-sœur. Brillant avocat en mal de reconnaissance, il représente Anna face à une consoeur « empotée ». Grace Morgan, fraîchement diplômée d’une prestigieuse université, se charge de la défense mais ne plaide pas.

Violaine Arsac signe un plaidoyer pour la justice restaurative. Elle explore la part intime de ce procédé initiant le dialogue entre victimes et auteurs d’une infraction pénale. Elle questionne les convictions de chacun ou la corrélation entre la peine des proches d’un homme tué par balles en pleine rue et le désarroi de la famille d’un délinquant condamné à l’injection létale. Les échanges épistolaires occasionnent un tourbillon de culpabilité chez les personnages emprisonnés, par la mise en scène, dans l’attente de la sentence dans un huis clos judiciaire. Les barreaux ceignant la pièce maitresse du décor de Caroline Mexme suggèrent une cellule ou un box lorsque les deux tables disposées à cour et à jardin dessinent un prétoire.

Noémie de Lattre émeut sous les traits d’une Anna forte mais déboussolée. Marie Bunel procure sA douceur innée à Clémence, bibliothécaire tenace et démunie. L’éloquent Grégory Corre intrigue en Alex dont le talent de plaideur dissimulé par son orgueil, se déploie au fur et à mesure. Il démonte vite la stratégie aux ambitions éparpillées de Grace. Mathilde Moulinat compose cette juriste volontaire à la vision étriquée par ses livres de droit. Enfin, Benjamin Penamaria prête sa voix à Michaël Ellis symbolisé par un uniforme orange de détenu pendu sur un cintre.

La dernière lettre est un huis clos qui interpelle et fait vibrer la corde sensible.

La dernière lettre au théâtre Actuel (Avignon).
Du 7 au 31 juillet 2021, relâches les 12, 19 et 26 juillet.
A 16h35 (10h, les 13, 20 et 27 juillet).

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