Moi, moi et François B. : Berléand s’absorbe dans l’absurde

© E.C.

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François Berléand attend son taxi dans la rue. D’humeur bougonne, il craint d’arriver en retard au théâtre où il joue Dom Juan. Son irritation croit lorsqu’il se réveille dans une agence de voyage, sans porte, ni fenêtre, alors qu’il se trouvait à bord du véhicule qui le conduisait à sa représentation. Le prologue de Moi, moi et François B. se révèle aussi énigmatique que le titre de cette loufoque comédie au théâtre Montparnasse. Emmuré, François découvre un autre occupant dans la pièce : Vincent, un auteur. Son expérience limitée de la vie et son inculture flagrante ne promettent guère un bon compagnon d’infortune. Un improbable dialogue s’engage entre les deux « otages », ponctué d’une multitude de surprises.

Pour sa première création, Clément Gayet mise sur l’absurde. Une initiative attractive et bien ficelée au début. Le burlesque de la situation provoque d’hilarants échanges entre François et Vincent. Certains paradoxes créent parfois la confusion par la suite. La fantaisie reste, néanmoins, concentrée dans le texte et une pointe dans les costumes, elle atteint très peu la scénographie réaliste d’Edouard Laug. Le décor dans laquelle évolue le duo principal ressemble à beaucoup d’autres, les issues en moins. Stéphane Hillel y dirige une distribution chevronnée enrichie d’une belle révélation : Inès Valarcher. La demoiselle se meut en une passante, groupie dans l’âme, plus vraie que nature et une admirable contorsionniste.

Même nom, même profession, l’audacieux François Berléand campe son propre rôle ou plutôt celui qu’a écrit pour lui l’auteur, un brin caricatural. Son épouse Cécile, interprété par la divine Constance Dollé, embrasse la même carrière que lui, mais son cher et tendre la juge : « décoratrice d’intérieur, comme toutes les femmes de comédien. » Ce personnage acariâtre contraste avec la nonchalance de Vincent, un rôle sur mesure pour Sébastien Castro. Entouré et joué par de tels talents, le jeune dramaturge fait des premiers pas prometteurs sur les planches.

Moi, moi et François B. est une comédie absurde, peut-être un peu trop.

Moi, moi et François B. au théâtre Montparnasse (14e).
Depuis le 13 septembre 2016.
Du mardi au samedi à 21h, les samedis à 17h30 et les dimanches à 15h30.

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