Open Space : une satire burlesque

© E.C.

© E.C.

Alors que retentit l’ultime sonnerie qui appelle les spectateurs à regagner leurs sièges, un premier personnage entre en scène. Une corpulente technicienne de surface s’affaire très lentement avant l’arrivée des employés. Véritable ode à la fainéantise, elle effectue un nettoyage sommaire de l’espace en économisant ses gestes. Crée la saison dernière au théâtre du Rond-Point, Open Space de Mathilda May revient au théâtre de Paris. Avec des dialogues tous droits sortis de cartoons, le travail de la comédienne s’illustre surtout par une mise en scène appuyée et de nombreuses chorégraphies. D’une réelle satire de l’open space et de la vie en entreprise, l’intrigue sombre, peu à peu, dans le loufoque par le biais de rebondissements déroutants sans véritables liens avec le monde du travail.

Dans un bourdonnement général, l’ensemble des employés de l’open space sort de l’ascenseur et s’installe bruyamment. Un des six bureaux alignés dénote, un minitel y remplace l’ordinateur. C’est celui du doyen de la boîte (Emmanuel Jeantet), quasi invisible pour ses collègues pour cause de mise au placard. L’employé modèle (Gabriel Dermidjian) est épris la benjamine effacée et pleine de complexes (Agathe Cemin). Le cœur de la jeune femme palpite lorsque le beau gosse ambitieux (Loup-Denis Elion) sautille avec grâce jusqu’à la photocopieuse. Ce dernier a un coup de foudre pour le réparateur de machine à café. Talons qui claquent au sol, jupe ultra moulante et chemisier décolleté, l’employée sexy (Stéphanie Barreau) prend un pose suggestive à la moindre occasion. La business woman (Dédeine Volk-Leonovitch), elle, ne peut cacher ses problèmes d’alcool. Tout ce petit monde tremble lorsque débarque le grand patron (Gil Galliot).

Un ascenseur, des toilettes, un espace séparé du couloir par des vitres, le décor conçu par Alain Lagarde permet de rapidement se projeter dans ce bocal. Sur le devant de la scène, deux éléments propices à la convivialité se font face : un fumoir aux allures de cabine téléphonique londonienne et une machine à café.

Les nuisances sonores consécutives au travail de chacun, amplifiées pour l’effet comique, dégénèrent en improvisation collective de tassage de dossier, rangement de crayons dans un pot et tapotement sur le clavier. La musique tient une place prépondérante dans cette pièce faite de mimes et d’onomatopées. Les comédiens jouent sur l’intonation et reprennent celle de Pascal Légitimus réceptionniste dans un hôpital pour un célèbre sketch des Inconnus.

Open Space est une comédie burlesque audacieuse.

Open Space au théâtre de Paris (9e).
Du 7 mai au 12 juillet 2015.
Du mardi au samedi 21h et les dimanches à 15h30.

Laisser un commentaire