Tratando de hacer una obra que cambié el mundo : du théâtre, des idées et de l’autodérision

© E.C.

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Une jeune troupe chilienne tente de changer le monde au Nouveau Théâtre de Montreuil. La pièce s’intitule Tratando de hacer una obra que cambié el mundo, littéralement En essayant de faire une œuvre qui change le monde, une création collective de la compagnie La Re-Sentida, sous la direction de Marco Layera.

Farouchement opposés au gouvernement en place, Eduardo (Eduardo Herrera), Benjamin (Benjamín Westfall), Nicolas (Nicolás Herrera), Pedro (Pedro Muñoz) et Nina (Carolina Palacios) décident de s’enfermer dans une cave pour créer une pièce unique. Isolés du monde depuis quatre ans, les comédiens regorgent d’idées extrêmes pour faire passer un message politique au travers de leur art. Ils vont jusqu’à songer que l’un d’entre eux s’immole à l’issu de la représentation, avant de se raviser pour des problèmes techniques. La Re-Sentida ne manque pas d’autodérision pour traiter un militantisme quelque peu utopiste. Aussi, lorsque la personne qui approvisionne les cinq jeunes gens leur annonce qu’un nouveau gouvernement a éradiqué la pauvreté et l’injustice sociale, la joie laisse vite place à la déception. Sans la nécessité d’une opposition, ils n’ont plus de raison d’être.

Passionnés, les comédiens bouillonnent dans leur interprétation de cette jeunesse désabusée, ces derniers romantiques, comme l’indique le sous-titre de la pièce el delirio final de los ultimos romanticos. Ils occupent tout l’espace et se permettent quelques incursions dans le public dans la mise en scène de Marco Layera.

« Nous sommes d’une génération qui n’a rien vécu », répète Pedro. Cette réplique revient comme un leitmotiv tout au long de la pièce. Excédés par le monde dans lequel ils vivent, les comédiens peinent à canaliser leur énergie dans un espace déjà plein de désordre conçu par Pablo de la Fuente. Des milliers de feuilles de papiers tapissent le mur. Au milieu de la scène, une table entourée de chaises constitue le centre névralgique du processus créatif. De part et d’autre, des empilements de livres délimitent le pourtour de la scène au sol maculé de papier, où trône une cuvette de toilette.

La politique s’immisce sur scène. Le théâtre véhicule des idées, ce n’est pas un simple objet de divertissement. Tratando de hacer una obra que cambié el mundo, en espagnol surtitré en français, fait voyager les spectateurs en Amérique latine, avec beaucoup d’humour et ils apprécient à entendre leur acclamation finale.

Tratando de hacer una obra que cambié el mundo au Nouveau Théâtre de Montreuil.
Du 2 au 19 octobre 2014.

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