Cowboy Mouth : la passion rock’n’roll de Cali et Marie Barraud

Cowboy Mouth-Theatre de la Gaite Montparnasse

© E.C.

Des flashs crépitent, une ambiance psychédélique supplée les traditionnels trois coups au théâtre de la Gaîté Montparnasse. Une pièce délabrée, des feuilles de papier et photos punaisées sur un mur, l’inscription « Buddy Holly » sur l’autre, un lit, une batterie et des guitares, le décor de Cowboy Mouth est planté.

New York, 1971. Après avoir kidnappé Slim, un père de famille, en pleine rue, Cavale le séquestre dans une chambre d’hôtel. Elle tente de faire de lui une star du Rock afin d’offrir un sauveur à toute une génération perdue. Sam Shepard et Patti Smith écrivent cette pièce en deux jours. Il a quitté femme et enfant pour la rejoindre dans la chambre du célèbre Chelsea Hotel à Manhattan.

Quarante ans plus tard, Marie Barraud et Nicolas Tarrin adaptent cette pièce. Elle joue Cavale. Lui signe la mise en scène de cette passion. Rêveuse, écorchée vive, Marie Barraud déploie un large panel d’émotions. Des larmes aux rires, sa Cavale boite, cajole un corbeau empaillé comme un enfant ou raconte des histoires à Slim. Ce « Jésus rock’n’roll avec une gueule de cowboy », c’est Cali. Pour ses premiers pas de comédien, le chanteur qui reprend sa guitare à deux reprises dans la pièce convainc en captif amoureux de sa ravisseuse, appliqué malgré un accent catalan qui refait surface dans ses emportements.

La justesse des interprètes séduit, le texte de Sam Shepard et Patti Smith, un peu moins. Cavale raconte des histoires à Slim, des bribes de son enfance brisée ou de purs produits de son imagination. Il veut s’enfuir mais reste. Ensemble, ils s’évadent ou crient à la lune. Aucun fil conducteur ne se dessine vraiment, au point que pour tromper l’ennui, les deux protagonistes appellent Lobster Man. Débarque alors sur scène un homard bleu mutique. Cette apparition rappelle l’arrivée de Pozzo et Lucky dans En attendant Godot de Samuel Beckett, d’autant que dans un flash, un jeune homme en chemise Lavallière (Andrey Zouari) sort du crustacé.

Au delà du texte confus, il faut voir Cowboy Mouth comme le récit d’une époque, d’une jeunesse rêveuse qui ne croit plus en rien sauf peut-être au rock’n’roll.

Cowboy Mouth au théâtre de la Gaîté Montparnasse (14e)
Du 14 janvier au 26 avril 2014
Du mardi au samedi à 19h

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